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Agriculture: vite, de la pluie!

  • JEAN-FRANÇOIS BÉGIN, La Presse
  • 10 août 2016
  • 2 min de lecture

Stéphane Bisaillon n'en est pas rendu à faire la danse de la pluie devant sa ferme, mais il commence à s'inquiéter pour ses plants de maïs et de soya. «On perd du rendement à tous les jours sans pluie», dit cet agriculteur de cinquième génération de Saint-Jacques-le-Mineur, pas très loin de la frontière américaine, en Montérégie. «Il n'est pas trop tard, mais ça commence à être alarmant.»


Pas besoin de s'avancer très loin dans les champs de 2600 acres qu'il exploite avec son père et son frère pour trouver des plants de maïs-grain dont la partie inférieure est jaunie et desséchée et dont les feuilles sont enroulées sur elles-mêmes comme des cigares, des signes évidents du stress causé par le manque d'eau.


Les épis que portent ces plants, une fois épluchés, révèlent que de 15 à 20% de ces grains destinés à l'alimentation animale ne parviendront pas à maturité. «C'est le plant qui nous dit qu'il n'a plus la capacité de faire croître l'épi», explique M. Bisaillon.


Les dommages aux plants de soya sont un peu moins évidents à l'oeil nu, mais le préoccupent encore davantage. «On est en plein dans la période où les gousses se remplissent, explique-t-il. S'il n'y a pas d'eau, chaque fève va avorter un ou deux grains.»


Récolte à risque

M. Bisaillon n'est pas le seul à se faire du mauvais sang. Les producteurs de maïs et de soya du sud-ouest du Québec croisent les doigts pour que la pluie annoncée pour le week-end se matérialise, sans quoi la récolte 2016 pourrait être lourdement affectée. Environnement Canada prévoit entre 30 et 75 mm de pluie dans le sud de la province d'ici lundi prochain.


«Si on reçoit ces précipitations, nos craintes seront dissipées. Mais si on en reçoit moins, le problème deviendra significatif», dit Ramzy Yelda, analyste principal des marchés chez Producteurs de grains du Québec.


«Le temps chaud et le soleil ne seraient pas négatifs si on avait eu de la pluie. Mais le fait est que le temps s'est pas mal asséché au cours des dernières semaines».


La sécheresse est bien réelle, confirme Robert Michaud, météorologue à Environnement Canada. «Depuis trois mois, tout l'est de l'Ontario et le sud-ouest du Québec sont en déficit de précipitations de 25 à 50%, voire de 75%», note-t-il. Or, la Montérégie, particulièrement touchée, représente cette année 61% des superficies ensemencées en maïs-grain au Québec, et 45% des superficies en soya.


Les terres plus sablonneuses, qui retiennent moins l'eau que celles de nature plus argileuse, sont les plus touchées, explique Alain Beaudry, producteur céréalier de Saint-Valérien-de-Milton, près de Saint-Hyacinthe. «Pour ces terres-là, ça prend de l'eau rapidement, dit-il. On n'est pas en panique, mais on est inquiets.»


Quoi qu'il arrive, la production 2016 de maïs-grain n'égalera pas les rendements de la saison précédente, selon M. Yelda. «C'est clair dans l'esprit de tout le monde qu'on n'aura pas un scénario record comme l'an dernier.» Le Québec avait connu une saison parfaite en 2015, avec des rendements inédits pour le maïs-grain (10,3 tonnes/hectare, nettement plus que le record précédent de 9,3 t/ha) et le soya (3,2 t/ha, alors que la marque antérieure était de 3,1 t/ha).

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