Une facture gonfle de 65 % pour des travaux d'aqueduc et d'égoût
Les coûts entourant le train de l’Est, qui avaient déjà plus que doublé, n’ont pas fini d’augmenter. Après Québec, c’est au tour de la Ville de Montréal d'avoir à absorber des millions de dollars en dépenses imprévues.
En un an et demi, la facture d'un contrat accordé au Canadien National (CN) par la Ville pour le renforcement d’égouts et d’aqueducs près de la nouvelle voie ferrée a bondi de 2,9 M$ à 4,8 M$, sans grande variation dans le plan des travaux.
Les travaux étaient nécessaires parce que les infrastructures souterraines près de la ligne Mascouche n’étaient pas assez solides pour résister aux vibrations supplémentaires causées par les nouveaux trains.
La Ville a donc octroyé en mars 2014 un contrat de 2,9 M$ au CN pour le renforcement des tuyaux. Six mois plus tard, l’entreprise ferroviaire demandait à la Ville d’augmenter ce montant de plus de 1 M$.
Le CN avait entre autres reçu des soumissions plus élevées que prévu de la part de ses fournisseurs pour les travaux. De plus, la durée estimée des travaux avait bondi de deux mois et demi à quatre mois.
«Afin que le CN puisse lancer le projet, une entente signée par les deux parties était nécessaire. Cela impliquait que les coûts initiaux étaient une approximation à être révisée. Une fois les plans et devis finalisés, un ajustement initial a été identifié, tel que convenu avec la Ville», a indiqué par courriel un porte-parole de l’entreprise, Pierre-Yves Boivin.
Délai
Un an plus tard, la Ville déboursait plus de 800 000 $ supplémentaires, dus aux retards dans le lancement du chantier par l’entreprise ferroviaire.
En effet, alors que les travaux devaient débuter en juillet 2014, une série de retards du côté du CN ont repoussé leur lancement jusqu’à la fin septembre.
«Les travaux devaient être terminés pour le 1er décembre 2014, date de mise en service du Train de l'Est. Une stratégie d'accélération des travaux a dû alors être mise de l'avant», a expliqué un porte-parole de la Ville, Philippe Sabourin, en rajoutant que cela a engendré plusieurs dépenses supplémentaires.
«Il y a une grande ironie dans le fait que la Ville ait dû faire des travaux en urgence quand le projet de train de l’Est a tellement été retardé. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas là-dedans», a commenté pour sa l’élu de Projet Montréal, Sylvain Ouellet.
Monopole
L’augmentation des coûts serait également causée par le monopole que détient le CN sur le terrain entourant ses rails, soutient M. Ouellet. Soulignons que le Ville est obligé d’octroyer un contrat de gré à gré à l’entreprise lorsqu’un chantier pourrait toucher son emprise.
«Le CN agit comme s’ils avaient un monopole [...] Si la Ville veut faire des travaux, c’est l’entreprise qui veut toujours les faire, c’est eux qui embauchent les entrepreneurs et c’est eux qui nous refilent la facture. Si ça dépasse, c’est tant pis, on doit payer», s’insurge M. Ouellet.