Vive Hydro-Québec libre !
Journal de Québec
Vous n’en pouvez plus des augmentations d’Hydro-Québec quand la société d’État se pavane avec ses milliards de dollars de profit? Ras-le-bol d’avoir l’impression de payer, via votre facture d’électricité, pour créer des emplois en Gaspésie? Hydro-Québec ne vous écoute pas?
Si vous avez répondu oui à une de ces questions, vous êtes prêts pour une discussion sur la déréglementation du marché de l’électricité au Québec. Peut-être même sur la privatisation partielle d’Hydro-Québec. Dix pour cent, pas plus. Question de changer la culture.
Mais ce langage ne plaît pas au Québec. Trop risqué, trop business. De quoi se plaint-on?
Les tarifs résidentiels d’Hydro-Québec sont les plus bas du Canada (et les Québécois des gaspilleurs notoires d’électricité) et Hydro-Québec, planche à billets de l’État, verse de généreux dividendes. Pourquoi tuer la poule aux œufs d’or?
Mais la médaille a un côté plus sombre. L’histoire d’amour entre les Québécois et Hydro-Québec est terminée. Beaucoup trouvent HQ trop riche, trop grosse, arrogante et méprisante. Ils croient qu’elle fait passer ses intérêts, et ceux de ses maîtres politiques, avant les leurs. Qu’elle ne leur dit pas toute la vérité.
«Vous n’êtes pas content? Allez ailleurs!» Justement, il n’y a pas d’ailleurs. Là est le principal problème.
L’expérience européenne
L’Europe a déréglementé le marché de l’énergie résidentielle en 2007. Électricité de France, EDF pour les intimes, s’est retrouvée avec des concurrents pour la première fois en un demi-siècle. Ce qui ne l’empêche pas d’offrir un tarif «historique» réglementé aux clients qui le désirent. C’est le choix d’une majorité de Français même si le marché offre des tarifs plus bas. Mais le mot-clé ici, c’est choix.
Les autres choix s’appellent Direct Énergie, qui se positionne sur les bas prix, GDF Suez qui fait du low cost, comme on dit là-bas, en n’offrant que du service en ligne. Planète Oui se différencie de ses concurrents en ne vendant que de l’électricité verte, produite par le Soleil, l’eau ou le vent. Et comme son nom l’indique, Enercoop est une coopérative.
C’est la même chose en Grande-Bretagne où British Gas, privatisée par Margaret Thatcher, propose un éventail de forfaits tarifaires et même des primes de fidélisation. Et pour cause: le marché est partagé entre 29 fournisseurs.
Bien entendu, l’ouverture du marché serait facilitée par la privatisation d’Hydro-Québec, du moins en partie. Mais je crains que la société d’État n’ait sa place réservée pour l’éternité dans l’enclos des vaches sacrées québécoises.
Heureusement, il n’est pas nécessaire de privatiser HQ pour permettre la concurrence.
Petits pas
D’ici là, pourquoi ne pas adopter la stratégie des petits pas qui vont dans la bonne direction en adoptant une posture marketing plutôt qu’un coup de bâton de baseball entre les deux yeux avec la clientèle ? Par exemple, maintenant que nous avons des compteurs intelligents, HQ pourrait à nouveau offrir aux Québécois des tarifs modulés selon l’heure du jour ou de la nuit, comme partout ailleurs, y compris l’Ontario. Un test réalisé en 2008-2010 avait démontré que cette mesure n’intéressait pas les Québécois. Mais aujourd’hui ?
Au bas mot, il faut libérer Hydro-Québec de ses devoirs politiques et la laisser libre d’agir comme n’importe quelle entreprise autonome ayant un actionnaire unique. Ce serait déjà beaucoup.