L'Etat islamique détruit au bulldozer les vestiges d'une cité assyrienne en Irak
Article proposé par François Coulombe, enseignant ÉSRDL
INFOGRAPHIE - Fondée au 13e siècle avant J.C., la ville de Nimroud contient des joyaux architecturaux inestimables de l'époque assyrienne. L'Unesco dénonce un «crime de guerre».
Le massacre de la mémoire assyrienne se poursuit en Irak.Après la destruction de pièces inestimables au musée de Mossoul, les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont attaqués à la ville de Nimroud. L'EI a «pris d'assaut la cité historique de Nimroud et a commencé à la détruire avec des bulldozers», a dit le ministère du Tourisme et des Antiquités sur sa page officielle Facebook. Joyau archéologique du nord de l'Irak, cette cité a été fondée au 13e siècle avant J.C. Elle est située sur les rives du Tigre à quelque 30 kilomètres de Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak, contrôlée par l'Etat islamique depuis juin. Un responsable des Antiquités a confirmé ces informations. «Jusqu'à présent, nous ne pouvons pas mesurer l'ampleur des dégâts», a dit ce responsable sous couvert d'anonymat.
L'Unesco a dénoncé la destruction par la voix de sa directrice générale, Irina Bokova. «Nous ne pouvons pas rester silencieux», a-t-elle écrit dans un communiqué. «La destruction délibérée du patrimoine culturel constitue un crime de guerre, et j'appelle tous les responsables politiques et religieux de la région à se lever contre cette nouvelle barbarie.»
«Un véritable désastre»
Après leur saccage à Mossoul, les djihadistes auraient lancé aux gardiens du musée que Nimroud était leur prochaine cible. «C'est l'une des plus importantes capitales assyriennes, on y trouve des bas-reliefs et des taureaux ailés. Cela serait un véritable désastre», avait alors indiqué Abdelamir Hamdani, un archéologue irakien de l'Université Stony Brook de New York.
Jeudi dernier, l'EI avait diffusé une vidéo sur laquelle des djihadistes réduisaient en miettes des sculptures préislamiques du musée de Mossoul. Pour l'organisation djihadiste, statues, tombeaux et représentations «favorisent l'idolâtrie» et méritent donc d'être détruits. La destruction des trésors de Mossoul avait été condamnée par la communauté internationale, la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova réclamant à la Cour pénale internationale (CPI) de se saisir du cas.