Secondaire en spectacle passe dans le tordeur
GILLES GAGNÉ
Collaboration spéciale
Le Soleil
(Carleton) Après Chapeau, les filles!, serait-ce au tour de Secondaire en spectacle de passer dans le tordeur du ministère de l'Éducation? Selon des documents obtenus par Le Soleil, il est permis de croire que oui.
En fait, la Corporation Secondaire en spectacle a déjà goûté à la médecine l'État québécois en perdant 110 000 $ depuis le début de l'année 2014-2015, par le biais d'une coupe de 70 000 $ du ministère de la Culture et des Communications et de 40 000 $ du Secrétariat à la jeunesse.
Aux 110 000 $ s'ajoute une compression de 100 000 $, considérant la somme adoptée par le Conseil du trésor le 28 janvier. Ces 210 000 $ de pertes représentent 40 % du budget de fonctionnement de Secondaire en spectacle.
La nouvelle de la deuxième compression imposée à l'organisme est venue le 3 février, dans une lettre signée par le ministre de l'Éducation Yves Bolduc, qui dit avoir «le plaisir» de confirmer une «aide financière maximale de 300 000 $ pour l'année scolaire 2014-2015».
Dans une lettre envoyée aux unités régionales loisir et sport (URLS), la Corporation Secondaire en spectacle précise que la somme devait être de 400 000 $ et que l'organisme tenterait d'obtenir une rencontre qui «portera sur les moyens d'aller chercher les 100 000 $ manquants».
Un avenir menacé?
La coupe du ministère de l'Éducation survient à une semaine du début des finales locales et à 15 semaines du Rendez-vous panquébécois, qui aura lieu à Rivière-du-Loup cette année. Dans sa lettre, la direction de Secondaire en spectacle affirme qu'il «apparaît impensable de couper la subvention de 100 000 $ au comité organisateur et ses partenaires» de Rivière-du-Loup.
Cette direction précise à mots couverts la possibilité de suspendre ses activités si une garantie de financement n'est pas donnée avant le 31 juillet, échéance de son année financière.
Indisposée par le fait que la lettre acheminée aux URLS circule, la directrice générale de Secondaire en spectacle, Hélène Martin, a refusé de répondre au Soleil mercredi, précisant que ses efforts se concentrent à trouver des fonds.
Coupes regrettables
De son côté, Roxanne Langlois, qui a été coordonnatrice de Secondaire en spectacle en Gaspésie en 2014 et chef de délégation au Rendez-vous panquébécois d'Amos, trouve regrettable les coupes dans ce programme.
«Il y avait 1000 jeunes de partout au Québec à Amos. Ce n'est pas juste un étalage de disciplines artistiques. Tu fais découvrir le Québec à des jeunes, avec leurs instruments. C'est pour eux une occasion de montrer leur potentiel à leur école, à leur région et à tout le Québec. C'est beaucoup pour des adolescents. Ça m'a changée comme adulte; imaginez pour eux!
«En coupant les fonds, on enlève des moyens de semer des étoiles dans les yeux des jeunes. Dans bien des cas, Secondaire en spectacle est la seule chose qui les rattache à l'école. Il faudrait prendre les représentants du gouvernement par la main et leur faire voir Secondaire en spectacle», dit-elle.