Pistorius condamné à 5 ans de prison
Agence France-Presse
PRETORIA — À l’issue du plus retentissant procès de l’histoire de la jeune démocratie sud-africaine, le champion paralympique Oscar Pistorius a été condamné hier à cinq ans de prison pour avoir tué sa petite amie en 2013, et il a été immédiatement incarcéré.
Multiple médaillé chez les handicapés, devenu une icône du sport mondial pour avoir participé aux Jeux olympiques de Londres, en 2012, avec les valides, l’homme qu’on appelait « Blade Runner » a passé la nuit dernière derrière les murs de la prison de Kgosi Mampuru, à Pretoria, avec les 7000 détenus de cet établissement de sinistre mémoire.
Le régime d’apartheid, disparu en 1994, y entassait des prisonniers politiques, et les conditions de détention y étaient notoirement brutales.
Durant l’énoncé de sa peine, Pistorius est resté prostré, tête basse, comme s’il attendait sa punition.
La cellule de Pistorius se situe dans une aile de la prison où huit autres handicapés sont détenus. À son arrivée, il a été vu par un psychologue et un aumônier, car il était « fatigué et tendu », a indiqué un responsable de la prison au média local Eyewitness News.
10 mois
Pistorius pourrait ne rester que 10 mois en prison, soit le sixième de sa peine, comme le permet la loi sud-africaine, avant d’être libéré et placé aux arrêts domiciliaires.
En refermant la porte de sa cellule, son gardien a clos une affaire hors-norme, qui a mobilisé des centaines de journalistes du monde entier et passionné les gens, accrochés aux retransmissions télévisées en direct de l’intégralité des audiences.
C’est dans la nuit de la Saint-Valentin 2013 que son destin a basculé, lorsqu’il a abattu le top-modèle Reeva Steenkamp, devenue sa compagne quelques mois auparavant, avec quatre balles tirées à travers la porte des toilettes de sa maison de Pretoria.
UNE PEINE BIEN REÇUE PAR LES FAMILLES
Pistorius a toujours affirmé qu’il a cru tirer sur un cambrioleur. Et Thokozile Masipa, la magistrate, a rendu en septembre un verdict d’« homicide involontaire », très critiqué, notamment par la famille de la victime.
En revanche, la peine de cinq ans imposée hier semblait faire l’unanimité. Les deux familles, les Pistorius et les Steenkamp, l’ont acceptée. Et les juristes l’ont commentée positivement.
« Nous acceptons le jugement », a déclaré Arnold Pistorius, l’oncle du sportif, au nom de la famille. « Oscar saisira cette occasion pour payer sa dette à la société. […] Nous, sa famille, sommes prêts à le soutenir et à le guider pendant qu’il purgera sa peine. »
À la sortie des Steenkamp, les journalistes ont vu, pour la première fois depuis longtemps, un sourire sur le visage de June Steenkamp, la mère de Reeva, qui a assisté à l’intégralité du procès.
« Ils pensent que c’est correct, ils sont satisfaits du verdict », a déclaré l’avocat des parents.
« J’espère que cette sentence permettra une sorte de conclusion pour la famille [Steenkamp], et qu’elle leur permettra d’avancer dans leur vie. » — La juge Thokozile Masipa
Le parquet hésitait hier à faire appel du verdict. « Nous étions déçus par le verdict d’homicide involontaire », a admis le porte-parole du parquet national, Nathi Mncube. « Nous n’avons pas décidé si nous allons faire appel ou non. Nous avons 14 jours pour analyser la loi et nous voulons être certains que les faits et le droit nous permettent de faire appel. »
Par ailleurs, le Comité paralympique international (CPI) a fait savoir que le sportif, même s’il sortait de prison avant cinq ans, ne pourrait pas participer aux prochains Jeux olympiques, à Rio. « Il ne pourra participer à aucune compétition durant cinq ans, c’est-à-dire l’intégralité de la peine à laquelle il a été condamné », a indiqué à l’Agence France-Presse, en Allemagne, le porte-parole du CPI, Craig Spence.