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iPad obligatoire à l'école: flou juridique coûteux pour les parents

Daphnée Dion-Viens

Le Soleil

(Québec) Une école publique a-t-elle le droit d'obliger tous ses élèves à avoir une tablette numérique en classe et de refiler la facture aux parents, comme c'est le cas à l'école secondaire Le Sommet à Charlesbourg? .excerpt

La question est simple, la réponse l'est un peu moins. Près d'un mois après avoir interpellé le ministère de l'Éducation à ce sujet, Le Soleil a reçu quelques éléments de réponse en début de semaine. Verdict? On navigue en plein flou juridique.

«Il s'agit d'une nouvelle initiative et la Loi sur l'instruction publique n'est pas claire en ce qui concerne les iPad. L'enjeu consiste à déterminer si la tablette constitue un matériel didactique ou non», a indiqué Esther Chouinard, porte-parole du ministère de l'Éducation.

Selon l'article 7 de la Loi sur l'instruction publique, «l'élève [...] a droit à la gratuité des manuels scolaires et du matériel didactique requis pour l'enseignement des programmes d'études». Les analyses se poursuivront au cours des prochains mois afin de clarifier la situation, ajoute Mme Chouinard.

À l'école secondaire Le Sommet cette année, tous les jeunes de première secondaire ont une tablette en classe. Mais ce n'est pas tout. D'ici trois ans, tous les élèves en auront une entre les mains. Une initiative rare pour une école publique québécoise, mais ce sont les parents qui doivent en payer la note.

Le conseil d'établissement a donné son aval au projet et les parents ont été consultés, précise la commission scolaire. Le coût d'un iPad - environ 600 $ - peut être payé sur trois ans. Pendant cette période, la facture pour le matériel scolaire sera réduite d'environ 80 $ par an, selon la direction, ce qui permettra aux parents d'économiser 240 $ sur trois ans.

«Modèle à suivre»

Cette initiative a été saluée par Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche sur les technologies de l'information en éducation, qui considère qu'il s'agit d'un «modèle à suivre» dans le réseau public.

Or ce modèle pourrait être sérieusement remis en question si le ministère de l'Éducation en arrive à la conclusion qu'il n'est pas légal. Ce qui serait «ridicule», lance M. Karsenti.

«Il faut en arriver à une solution. Sinon, on ne fera qu'accentuer le clivage entre les écoles publiques et privées», affirme le chercheur de l'Université de Montréal, puisque les tablettes sont beaucoup plus répandues dans le réseau privé que public.

C'est d'ailleurs pour encourager de telles initiatives que la Loi sur l'instruction publique devrait être modifiée, ajoute-t-il. «Le ministère de l'Éducation doit être proactif. Il ne faut pas faire reculer l'apprentissage des jeunes sous prétexte qu'une loi est inscrite comme ça. On pourrait faire évoluer la loi», précise M. Karsenti.

À la commission scolaire des Premières-Seigneuries, le secrétaire général Jean-François Parent rappelle qu'il était important d'aller de l'avant avec ce projet parce qu'«on est rendu à l'époque où il faut penser la pédagogie en fonction de la technologie».

Ce dernier précise que des tablettes peuvent aussi être prêtées à des élèves dont les parents n'auraient pas les moyens de faire l'achat d'un iPad.

À la Fédération des comités de parents, on préfère attendre que le Ministère complète son analyse avant de se prononcer sur la question.

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