Turcot: le MTQ songe à «dévier» un gros collecteur d'égout de la Ville
Bruno Bisson
La Presse
Le ministère des Transports du Québec (MTQ) projette de « dévier » l'un des plus importants collecteurs d'eaux usées de la Ville de Montréal parce qu'il pourrait être endommagé par les travaux de construction réalisés 30 mètres au-dessus sur un des chantiers phares du projet Turcot.
Ce projet de déviation du collecteur Saint-Pierre, une conduite majeure qui fait trois mètres de diamètre et qui draine les eaux de pluie, est la dernière solution envisagée par le MTQ afin de dénouer l'impasse qui dure depuis un an et qui retarde la démolition du viaduc de la rue Saint-Jacques, au-dessus de l'autoroute Décarie, dans l'ouest de Montréal.
Le MTQ prévoit de remplacer ce viaduc, d'ici deux ans, par une nouvelle « structure emblématique », un pont à haubans avec un haut mât central, illuminé, reconnaissable à des kilomètres à la ronde. Mais il doit d'abord trouver un moyen de réaliser ces travaux sans compromettre l'intégrité du collecteur municipal, construit en 1930.
Après avoir « ausculté et arpenté cette structure dans tous les sens et de toutes les façons » depuis un an, le ministère des Transports du Québec (MTQ) « étudie la possibilité de le dévier vers le bas de la falaise Saint-Jacques et de l'enfouir sous le boulevard Pullman », a affirmé à La Presse le directeur du projet Turcot, Alain-Marc Dubé.
Pour réaliser une telle déviation, le MTQ devrait entreprendre dès l'hiver prochain des travaux d'excavation dans la rue Saint-Jacques - qui serait alors complètement fermée à la circulation pour les deux prochaines années - jusqu'à 30 mètres de profondeur, où se trouve le collecteur Saint-Pierre. Après avoir « dévié » la trajectoire actuelle du collecteur, qui longe la rue Saint-Jacques, l'infrastructure serait reconstruite sur plusieurs dizaines de mètres de longueur, jusqu'en dehors de la zone du projet Turcot, avant d'être rebranchée, plus loin, au collecteur d'origine.
Les études de conception des travaux sont en cours. Le coût et la durée des travaux ne sont pas encore connus, et la faisabilité même du projet reste à démontrer, reconnaît le directeur du projet Turcot.
De plus, le temps presse pour le MTQ, car ces travaux ne peuvent être réalisés qu'en saison sèche et sans pluie, c'est-à-dire en hiver. Et l'hiver arrive dans trois mois.
« Au printemps, en été, dès qu'il pleut, le collecteur se remplit et il est impossible d'y travailler. À la moindre probabilité de précipitations, on ne peut pas descendre », explique M. Dubé.
Si le projet n'est pas prêt cet hiver, les travaux de démolition du viaduc Saint-Jacques pourraient ainsi être reportés d'une année complète, jusqu'à l'hiver 2016.