Les Écossais aux urnes
OUERDYA AIT ABDELMALEK, DENIS HIAULT
Agence France-Presse LONDRES et ÉDIMBOURG
De Glasgow à Édimbourg en passant par une myriade d'ilots, les Écossais votaient jeudi massivement pour ou contre leur indépendance, un rendez-vous avec l'histoire qui fascine et souvent inquiète les 92 % restants des Britanniques, simples spectateurs face à l'éventuel éclatement du Royaume-Uni.
Les bulletins portent une question de huit mots avec deux cases à cocher pour le Oui ou le Non : «L'Écosse doit-elle être un pays indépendant?».
Les bureaux de vote ouverts à 7 h (2 h, heure de Montréal) ferment à 22 h (17 h à Montréal). En l'absence d'estimations de sortie des urnes, les résultats sont attendus vendredi à l'aube.
Les instituts de sondage ont prédit une courte victoire du non, rattrapé en fin de campagne par le oui, mais avec une avance se situant dans la marge d'erreur de 3 %.
Ils misaient aussi sur une participation record de l'ordre de 80 % des 4,2 millions d'Écossais de 16 ans et plus, à l'aune du débat identitaire qui a embrasé le territoire ancré depuis 307 ans à ses voisins du sud, en vertu d'un Acte d'Union.
Les rares sondages conduits auprès des Anglais, Gallois et Nord-Irlandais réduits à l'état de spectateurs dégageaient une forte majorité en faveur du non.
Jusqu'à une heure avancée mercredi soir, les dirigeants des deux camps ont jeté leurs forces dans la bataille pour tenter de séduire le dernier carré d'indécis.
«C'est la chance de toute une vie (...) a saisir des deux mains», a dit jeudi à l'AFP Alex Salmond,le premier ministre de l'Écosse semi-autonome qui votait dans sa circonscription de Strichen.
«Faisons-le!», avait-il clamé la veille au soir à Perth. «Yes we can», avait répondu la foule de ses partisans survoltés.
L'ex-locataire travailliste du 10, Downing Street Gordon Brown - de loin le moins mal-aimé des politiciens britanniques dans sa terre natale d'Écosse - a montré une ferveur égale à Glasgow, mais en faveur du Non. Il a dénoncé un nationalisme «étriqué», égoïste et qui divise.
Festival démocratique
Il s'agit du «plus grand festival démocratique» jamais organisé en Écosse, qui a changé une dizaine de fois de statut en 1400 ans d'histoire mouvementée, a fait valoir M. Salmond.
Le scrutin constitue aussi une formidable opération logistique.
Quelque 2600 bureaux de vote sont éparpillés sur un territoire représentant le tiers de la superficie du Royaume-Uni. Certaines urnes seront rapatriées par traversier ou par hélicoptère, pour accélérer les opérations de dépouillement.
À Édimbourg, la capitale, les affiches en faveur du oui surpassaient de très loin en nombre les affiches pour le non. Un peu partout flottait le Saltire, drapeau écossais à croix blanche en diagonale sur fond bleu.
Charlotte Farish, 34 ans, est arrivée dix minutes avant l'ouverture de son bureau de vote, avant d'emmener ses deux enfants à l'école et de se rendre à son travail.
«C'est un jour important. La décision que nous allons prendre nous engagera pour la vie», a-t-elle déclaré à l'AFP.
Le joueur de tennis Andy Murray a suggéré qu'il penchait du côté du Oui à l'indépendance de l'Écosse, sa région natale. «C'est un grand jour pour l'Écosse aujourd'hui», a-t-il tweeté, avant de conclure avec un des slogans de ralliement des partisans de l'indépendance: «Faisons-la».