Décès de Raymond Gravel: «Il était un révolutionnaire»
Olivier Gamelin Le Nouvelliste
(Trois-Rivières) C'est un ami que le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour perd à la suite du décès de l'abbé Raymond Gravel, mais également le parangon d'un vrai révolutionnaire. De tous les épithètes employées pour dépeindre ce ministre du culte peu orthodoxe et politicien souverainiste, c'est le souvenir de l'homme d'avant-garde qui persistera dans la mémoire du doyen de la Chambre des communes et député du Bloc québécois. .excerpt
Tantôt qualifié d'encyclopédiste moderne, d'éclairé philosophe au sens aiguisé de la riposte, d'homme de Dieu, mais par-dessus le marché d'homme du peuple, Louis Plamondon ne tarit pas d'éloges pour celui avec qui il a partagé ses jours professionnels pendant plus de deux ans.
«Il était un révolutionnaire à l'intérieur de son église et à l'intérieur du monde politique. Je l'appelais ainsi, car il voulait changer l'Église, entre autres en ce qui concerne le mariage des prêtres, la place des femmes et les droits des homosexuels. Dans la politique il était pareil. Les exclus le préoccupaient particulièrement. Les gens que tout le monde rejetait, les malades, les démunis, lui s'en préoccupait. Il croyait que c'était là non seulement le mandat de l'Église, mais également la mission de la politique.»
M. Plamondon cite en exemple l'appui que l'abbé Gravel avait formulé en faveur de l'euthanasie. À un mois seulement de sa propre mort, alors qu'il livrait bataille aux affres d'un cancer des poumons avec métastases aux os, il soulignait sa volonté de troquer des souffrances inutiles contre une béatitude éternelle s'il advenait que sa condition le rende inutile à la société. «Je m'arrangerai avec Dieu pour ce qui est de la décision que j'aurais à prendre», se souvient M. Plamondon en relatant les mots de feu M. Gravel.
«Il était un homme entier, enchaîne M. Plamondon, un humaniste extrêmement généreux, un homme capable de consensus, mais également en mesure de revendiquer ses idées avec force.»
Tout au long du mandat où il a représenté la circonscription de Repentigny à la Chambre des communes, l'influence de l'abbé Gravel auprès de ses collègues du Parlement canadien fut proportionnelle au capital de sympathie populaire dont il bénéficiait dans la rue.
«Ses interventions étaient toujours bien pensées, bien exprimées. Tous les députés de la Chambre avaient appris à l'aimer. Mais nécessairement, plusieurs se fatiguaient de le savoir souverainiste. Lui n'a jamais caché ses convictions. Il avait même fait coudre sur son étole, qu'il portait avec fierté, de belles fleurs de lys. Il était un homme qui ne cachait rien. Il marchait à visage découvert, donc on pouvait lire en lui. Fréquenter M. Gravel, c'était un cours de philosophie à tous les soirs. C'est un type dont je me souviendrai toujours», conclut M. Plamondon.